Les mondiaux en salle d’Istanbul, une belle réussite !

Istanbul accueillait ce week-end les championnats du monde d’athlétisme en salle. Istanbul, à la fois connue pour ses lieux culturels comme Sainte-Sophie ou la Mosquée Bleue, est également une ville passionnée par le sport. Eperdument amoureux du football, presque chaque Stambouliote supporte Galatasaray, Fenerbahçe ou Beşiktaş. Istanbul est d’ailleurs candidate pour accueillir les Jeux Olympiques de 2020.

Pour les mondiaux en salle, la ville arborerait fièrement les affiches de l’évènement. La salle d’Atakoy, flambant neuve, a accueilli près de 7500 spectateurs lors des deux derniers jours, avec parmi eux deux rédacteurs de Culture Athlé. Nous allons vous faire revivre ces championnats, à travers les résultats marquants et nos photos personnelles.

Le vendredi, une multitude de séries se déroulaient. Seul le poids masculin et le pentathlon féminin ont décerné des médailles. Avec 22 mètres tout pile, l’Américain Ryan Whiting remportait l’or au poids, dans un concours où tous les lanceurs ont dépassé les 20 mètres. 

Au pentathlon, la Britannique Jessica Ennis, pour moins de 50 points voient l’Ukrainienne Natalia Dobrynska devenir championne du monde et même recordwoman du monde avec 5013 points (60m haies : 8’’38 ; hauteur : 1,84m ; poids : 16,51m ; longueur : 6,57m ; 800m : 2’11’’15).

Les épreuves combinées à la fête

Le samedi, sur heptathlon masculin, l’Américain Ashton Eaton a parachevé son chef d’œuvre, débuté vendredi. Jamais inquiété pour le titre, il a même remporté chaque épreuve et écœuré la concurrence. Avec 6645 points (60m : 6’’79 ; longueur : 8’’16 ; poids : 14,56m ; hauteur : 2,03m ; 60m haies : 7’’68 ; perche : 5,20m ; 1000m : 2’32’’77), il bat le record du monde et relaie le second à 574 points, du jamais vu !

Renaud Lavillenie, bien que blessé il y a encore deux mois à la main, devient champion du monde pour la première fois de sa carrière. Il avouera que cette victoire est la plus belle de sa carrière, surtout après les difficultés qu’il a connu cet hiver. A 5,90m, Renaud Lavillenie prend l’avantage en passant au deuxième essai. Björn Otto rate lui ses trois tentatives et Brad Walker garde un dernier essai pour tenter le tout pour le tout. Le Français franchit 5,95m dès le premier essai et oblige Walker à tenter les 6,00m pour son ultime tentative. Walker ne réussira pas son pari et le français devient champion du monde ! Renaud Lavillenie fait retentir la Marseillaise dans le stade et espère réédite cet exploit cet été pour les JO de Londres.

La hauteur féminine a connu une issue très serrée. L’Américaine Chaunté Lowe l’emporte avec 1,98m et cinq de ses poursuivantes franchissent 1,95m. Il aura donc fallu départager ces athlètes aux essais. Et là surprise trois athlètes rendent exactement la même copie ! Comme le prévoit le règlement, la Russe Anna Chicherova, l’Italienne Antonietta Di Martino et la Suédoise Ebba Jungmark se voient remettre toutes les trois la médaille d’argent, au dépen de Tia Hellebaut et Ruth Beitia. Rappelons que le système de barrage en cas d’égalité parfaite ne s’applique que pour la médaille d’or.

Sur le 1500m masculin, nous assistons à une course tactique. Le Marocain Abdalaati Iguider mène les premiers 1000m en 2’39 puis le Turc d’origine kényane Ilham Tanui Özbilen attaque franchement devant un public tout acquis à sa cause. Au coude à coude, le Turc ne veut rien céder mais n’empêchera pas le Marocain de le passer dans l’ultime ligne droite, en 3’45’’21 contre 3’45’’35 !

Enorme impression de Sally Pearson sur le 60m haies, elle relaie la seconde à 21 centièmes et l’emporte en 7’’73, à cinq centièmes du record du monde de Susanna Kallur. On voit mal qui pourrait inquiéter l’Australienne cet été aux JO de Londres.

Egalement la nette victoire, de près d’une seconde, de Sanya Richards en 50’’79 sur 400m. Les séries et demi-finales s’étaient couru le vendredi à 10 heures d’intervalle. L’enchaînement de trois courses en deux jours a été particulièrement difficile pour les coureuses et coureurs de 400m. Chez les hommes, le Costaricain Nery Brenes signe le record des championnats en 45’’11 !

Le samedi se clôture par une drôle d’impression, sur le 60m masculin. Autant la course a été belle, autant le podium est controversé. Les ex-dopés Justin Gatlin et Dwain Chambers montent sur le podium. Justin Gatlin est le vainqueur en 6’’46, comme en 2003 à Birmingham, Nesta Carter est second en 6’’54 et Dwain Chambers est troisième en 6’’60. Ce podium pas des plus moral laisse un goût amer aux passionnés d’athlé. Certes il est vrai que ces athlètes ont purgés leur peine mais que dira t’on si Justin Gatlin devient champion olympique à Londres ? Notons la sixième place du Français Emmanuel Biron, 6’’63.

Yelena Isinbayeva retrouve les sommets

Lors du dernier jour des mondiaux, le concours de perche féminin a été dominé par Yelena Isinbayeva à qui il aura fallu deux sauts, à 4,70m et 4,80m, pour devenir championne du monde. Oublié sa quatrième place à Doha en 2010 et sa sixième place à Daegu en 2011. Yelena Isinbayeva, après avoir établit un nouveau record mondial à 5m01 en février, prouve qu’il faudra bien compter sur elle pour les prochains Jeux Olympiques de Londres. La Français Vanessa Boslak réalise un superbe concours et monte sur son premier podium international, après avoir connu de nombreuses galères après sa dernière sélection internationale en 2008. Après trois opérations au genou et énormément de travail et d’abnégation, Vanessa retrouve son meilleur niveau. Elle saute à 4,70m et devient vice-championne du monde, submergée par l’émotion ! La Britannique Holly Bleasdale est troisième avec 4,70m, malgré quelques difficultés sur sa course d’élan.

Le 3000m masculin a été de toute beauté ! Les Kényans Augustine Choge et Edwin Soi se sont relayés devant pour maintenir un train assez rapide. Bernard Lagat et Mo Farah, restaient eux vers la cinquième position, en fin tacticiens. Bernard Lagat, plutôt spécialiste du 1500m avec rappelons le la deuxième performance de tous les temps derrière Hicham El Guerrouj, affectionne ce genre de course. Il porte l’estocade au bon moment et l’emporte en 7’41’’44, devant Augustine Choge et Edwin Soi, en 7’41’’77 et 7’41’’78. Mo Farah est au pied du podium en 7’41’’79, que c’était serré ! Le Français Yoann Kowal, bien placé en début de course, décroche à l’emballage et termine dixième en 7’47’’81. Son travail foncier devrait lui profiter cet été sur le 1500m.

Sur le relais 4x400m féminin, la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la Russie et l’Ukraine ont été un moment au coude à coude, mais ce sont finalement les Britanniques qui l’emportent pour trois petits centièmes en 3’28’’76. Perri Shakes-Drayton résiste au retour de Sanya Richards, un peu fatiguée pour son quatrième 400m en trois jours.

Au triple saut, malgré l’absence de Teddy Tamgho et de Phillips Idowu, on a assisté à un concours de très grande classe avec les deux américains Will Claye, vainqueur avec 17,70m et Christian Taylor, second avec 17,63m. Benjamin Compaoré est sixième avec 17,05m. Will Claye, seulement 20 ans, prend également la quatrième place du concours de saut en longueur, il sera à ne pas douter un futur grand du triple saut.

Sur 60m haies, on annonçait un duel au sommet Dayron Robles – Liu Xiang, il n’aura finalement pas eu lieu, le cubain ayant déclaré forfait au dernier moment. Mais Liu Xiang aurait du se méfier de l’Américain Arries Merritt au record personnel plutôt modeste sur 110m haies de 13’’09. Il l’emporte en 7’’44 devant Liu Xiang, 7’’49. L’énorme grosse surprise, c’est le Français Pascal Martinot-Lagarde, tout juste 20 ans, qui grimpe sur le podium avec 7’’53. Le champion du monde junior du 110m haies en 2010 étoffe son palmarès par une première médaille internationale chez les séniors, la première d’une longue série espérons-le. Il confirme ainsi sa bonne progression hivernale sous les ordres de son entraîneuse Patricia Girard, qui rappelons le avait remporté la médaille de bronze sur 100 mètres Haies aux JO d’Atlanta.

Les Etats-Unis clôturent ses mondiaux d’Istanbul avec une énième victoire lors de ces mondiaux d’Istanbul. Avec dix médailles d’or, les Américains ont remporté autant de médailles que les trois nations qui les talonnent, le Royaume-Uni, l’Ethiopie et le Kenya. La Russie revient avec neuf médailles mais une seule en or.

Notons encore les victoires de Brittney Reese à la longueur grâce à un dernier saut à 7,23m, record des championnats, de Pamela Jelimo, de retour après quelques difficultés ces dernières saisons, en 1’58’’83 sur 800m, de Veronica Campell-Brown en 7’’01 sur 60m et de Valerie Adams avec 20,54m au poids.

 

Globalement, ces championnats du monde en salle ont été une réussite sur le plan organisationnel et sportif, avec de très belles batailles sur la piste !  De nombreuses stars de l’athlétisme étaient présentes malgré l’approche des Jeux Olympiques qui sont déjà dans tous les esprits. L’athlétisme américain a en tout cas une nouvelle fois montré sa domination mondiale. Des supporteurs du monde entier étaient présents dans les tribunes de l’Atakoy Arena. Nous étions trois supporteurs des bleus à avoir fait le déplacement, dont deux rédacteurs de Culture Athlé, Davud et Romain, accompagnés par Alexis. Outre de superbes championnats, nous avons vraiment pu apprécier notre visite d’Istanbul. C’est aussi ça l’athlé, une magnifique occasion de découvrir d’autres pays et d’autres cultures.