Yohan Durand : « cette distance pourrait me plaire … »

Grande confirmation sur 5000 en 2012 avec un chrono de 13’17’’90, Yohan Durand avait disparu du paysage national du demi-fond ce printemps 2013. Explications.

Bonjour Yohan et merci pour cet entretien depuis Font Romeu où vous avez pris vos quartiers cet été pour une reprise progressive après blessure semble t’il ?  

Oui c’est cela. Je reprends progressivement depuis 3 semaines après une interruption due à une tendinite persistante au talon d’Achille doublée d’une fissure de 5mm à ce même tendon. C’est pour l’instant une reprise tout en douceur, mais tout va bien après une bonne période de repos et soins en juillet et malheureusement une saison estivale 2013 sans compétitions.  

Vous n’avez pas été non plus trop visible cet hiver ?  

C’est exact. Cette année n’a pas été une bonne saison pour moi. J’ai eu des résultats moyens cet hiver malgré une préparation très sérieuse et dès avril j’ai été blessé au genou ce qui m’a contraint a d’abord lever le pied puis à différer mes objectifs estivaux initiaux qui étaient calés sur le mois de juin avec une première compétition au meeting de Rabat. J’ai envisagé alors pouvoir me positionner sur des compétitions en juillet avec les France Elite comme objectif mais j’ai été contrarié par cette tendinite au talon d’Achille. Je ne pouvais plus courir plus de vingt minutes en footing malgré tous les soins apportés et j’ai donc mis un terme à ma saison estivale pour me soigner.  

Vos fans ont du coup été un peu déçus après votre belle saison 2012. Avez-vous des à présent des objectifs pour cet automne ?  

Non bien sûr, ce serait prématuré. Je suis a Font Romeu car ma reprise se passe bien et que j’aime cet endroit pas trop loin de chez moi. Mais c’est sans autre objectif que d’arriver à produire progressivement un bon volume d’entraînement pour amorcer une préparation foncière autour d’une dizaine d’entrainements hebdomadaires. Il y a quelques coureurs ici comme Romain Collenot Spriet, Simon Munyutu, Fredy Guimard ou Charles Henri Barreau avec qui je vais sans doute pouvoir faire quelques footings. Ceci dit pour répondre à vottre question, je n’écarte pas quand même de prendre le départ de courses sur route cet automne, au feeling selon la forme… car j’ai envie de remettre un dossard…   

Sur cette saison 2013, on vous a vu rejoindre un collectif d’entrainement plutôt novateur en France en demi-fond puis le quitter à l’issue de l’hiver. Pouvez vous revenir sur cette expérience, succintement ?  

Oui, j’ai effectivement participé à la constitution d’un groupe d’entrainement de demi fondeurs français réunis autour de la personne de Bob Tahri et de son nouvel entraineur Bastien Perraux. Ca a débuté en septembre 2012 dans le prolongement des stages que j’avais pu faire déjà avec Bob. Nous nous sommes ainsi entrainés collectivement en Alsace, au Kenya et en Afrique du sud pour essayer de tirer au maximum partie de cette collaboration entre nous. Expérience très enrichissante comme celle vécue aussi au départ en stages auprès de Bob qui est toujours de précieux conseils dans le partage de son expérience.

Votre carrière montre aussi que vous aimez ainsi changer de conditions d’entrainements. Vous avez la bougeotte ou c’est une approche plus réfléchie ?  

C’est un peu plus réfléchi bien que lié aussi aux circonstances. En 2009 par exemple j’ai la double opportunité au vu de mes résultats d’intégrer l’armée et en même temps d’être recruté  par le CA Montreuil 93. Les deux m’offrent alors de très bonnes conditions nouvelles pour moi avec un statut professionnel au Régiment de Suippes et un soutien et une attente de performances avec mon club. J’y rencontre en même temps des personnes disposées à favoriser mon épanouissement d’athlète comme à Montreuil où j’ai pu conserver mon entraineur  Pierre Messaoud qui me suit depuis cadet, tout en bénéficiant des conseils de Jacques Darras. De la même manière mon régiment me permettait de m’entrainer aussi au mieux en me laissant partir en stages ou chez moi à Bergerac.  

En gros vous avez appris  votre « métier » d’athlète professionnel dans ces conditions ?  

C’est un peu cela, et avec plus de maturité aussi. Ca s’est vraiment bien passé car les deux structures (Montreuil et Suippes) sont aussi à dimension humaine. Je n’y ai eu que de bonnes raisons de respecter les termes de mes contrats en participants aux compétitions importantes pour elles. Je prolonge d’ailleurs très prochainement mon contrat avec l’armée.  

Vous avez en revanche quitté Montreuil pour un retour à Bergerac en 2012 . Dans quelles conditions ?   

Ca a été un heureux concours de circonstance. Je suis toujours resté attaché à mes racines et en 2012 un nouveau club s’est créé à Bergerac avec une équipe de dirigeants soucieux de développer une image dynamique de l’athlétisme et du sport sur la commune. J’avais pour ma part l’objectif de participer aux jeux olympiques de Londres, un projet que j’avais muri de mon côté pour trouver soutiens et sponsors. Le club m’a alors proposé de les rejoindre en m’aidant dans cette recherche de partenaires locaux et l’alchimie s’est faite sur cette convergence de projets.  

Vous êtes donc l’ambassadeur de Bergerac et de son club. Envisagez vous plus tard d’entrainer également si l’occasion se présente ?  

Elle s’est déjà présentée en fait car j’entraine des benjamins et minimes du club… plutôt ceux qui sont motivés par le demi fond. Apres pour être honnête je suis en complément d’un entraineur référent et ce  quand je ne suis pas en stage, mais c’est quelque chose d’intéressant et plaisant.  

Et une bonne dynamique pour le club ?   

Oui je pense. Le club présidé par Bernard Lajonie comporte plus 200 adhérents, on y vit bien bien avec un groupe important de coureurs hors-stade et trailers, la piste étant plutôt pratiquée par les plus jeunes catégories avec un bon groupe marche et demi-fond. 

Vous êtes aussi estampillé « sud ouest » et certains aficionados  de la course à pied n’hésitent pas à parler aussi d’une « génération Saint Galmier » du sud ouest, très fraternelle, en référence à des début internationaux lors de ces derniers mondiaux de cross organisés en France. Légende ou réalité ?  

Réalité bien sûr ! A ceci près que né en 1986 je n’étais pas de cette équipe junior à forte représentation sud ouest. Apres oui nous nous entendons toujours très bien, Benjamin Malaty, Yohan Kowal et Denis Mayaud sont des adversaires parfois mais avant tout des amis de longue date depuis nos premières compétitions et stages régionaux chez les jeunes. On n’a pas tous évolué à la même vitesse mais chacun à fait son bout de chemin et il nous arrive encore de faire quelques séances ensemble à l’occasion.  

Et quel regard portez-vous sur l’élite du demi-fond français en comparaison ?  

A peu près le même dans l’état d’esprit. J’ai un peu l’impression que ma génération est plus partageuse que la précédente, plus habituée aussi à s’entrainer ensemble lors des rassemblements en équipe de France. C’est en tout cas une chose qui m’apparait naturelle actuellement.  

Et dans ce contexte où de nouvelles têtes apparaissent en sénior, quels vont être vos objectifs pour l’année prochaine ?  

L’année prochaine ce sera les championnats d’Europe, à Zurich, et j’aimerais vraiment y être sur 5000 qui est je pense désormais ma meilleure distance. J’aimerais déjà confirmer ma saison 2012 et pour cela je n’aurai pas d’autres gros objectifs.  

Pas de route sur semi marathon avec les mondiaux au printemps ou d’envie d’une sélection aux Europe de cross avant ?  

Non je ne pense pas car j’ai appris en 2011 que je ne pouvais pas espérer arriver en forme l’été en ayant fait une saison  trop longue avant. Je ferai les cross pour mon club sans doute en préparation, les cross militaires avec l’objectif de conserver les titres nationaux qui sont importants pour mon régiment mais pas d’objectif sur la saison indoor ni de chronos sur la route non plus.  

C’est un peu dommage compte tenu de votre large palette . Vous pourriez aussi vous orienter sur 1500 avec votre bon chrono en 2012 pour mieux rebondir ensuite sur 5000  pour les JO 2016 ?  

C’est un peu tôt pour l’envisager. J’ai pour habitude de faire un bilan chaque saison avant de me donner les objectifs pour la suivante et je pense qu’après 2014 je vais faire ce bilan avec plus de réflexion . Ou je descend mes chronos sur 5000 et j’essaye d’aller plus loin sur cette distance ou peut être irai je aussi tenter quelque chose sur marathon…  

C’est presque un scoop… ce sont les bons résultats de votre ami Benjamin Malaty sur la distance qui vous inspirent ?  

Oui en grande partie. Il a trouvé sa voie et c’est une bonne chose. Maintenant je sais que ce serait une autre orientation pour moi aussi mais j’aurai 29 ans et cette distance pourrait me plaire…