Paul Kipsiele Koech et le succès Kenyan

Le Kenya connaît une domination presque sans faille sur le 3000 mètres steeple. C’est bien simple, depuis 1968, pas un seul titre olympique n’a échappé au Kenya (excepté en 1976 et 1980 à cause du boycott kenyan) ! Il nous a donc semblé intéressant de poser quelques questions sur ce succès à un athlète médaillé olympique. Rappelez-vous, en 2004 le Kenya avait signé un magnifique triplé grâce à Ezekiel Kemboi, Brimin Kipruto et Paul Kipsiele Koech. Le médaillé de bronze des JO d’Athènes, Paul Kipsiele Koech, a eu la gentillesse de répondre à quelques une de nos questions, en exclusivité pour Culture Athle.

Pour ceux qui ne connaîtrait pas Paul Kipsiele Koech, présentons le tout d’abord brièvement.

Paul Kipsiele Koech est un athlète kenyan spécialiste du 3000 mètres steeple. Il est actuellement le cinquième meilleur performeur de l’histoire sur la distance avec un chrono de 7’56 »37 réalisé à Rome en 2005 et est descendu 6 fois sous les 8′.

Il participa au triplé kenyan des Jeux Olympiques d’Athènes en décrochant la médaille de bronze, derrière Ezekiel Kemboi et Brimin Kipruto. Paul Kipsiele Koech a remporté en 2010 la première édition de la Diamond League et confirme là sa domination sur les meetings européens. Il a notamment remporté la Finale mondiale de 2005 à 2008. Paul Kipsiele Koech a toujours eu du mal à se qualifier lors des championnats internationaux à cause de la densité des Trials kenyans et a du être repêché pour les JO de 2004 et les mondiaux de 2005, grâce à ses belles performances réalisées en Europe.

Paul Kipsiele Koech lors de la Pre Classic

Très bon crossman, Paul Kipsiele Koech a privilégié dès 2007 la saison indoor en devenant vice-champion du monde du 3000m et le kenyan a même établit en 2010 la meilleure performance de tous les temps sur 2000 mètres steeple indoor, qui se court avec deux barrières par tour et sans rivières, avec un chrono de 5’17 »04 avant de l’améliorer en février 2011 à Gand en 5’13 »77. 

Voici quelques uns de ses records personnels :

1500 mètres – 3:37.92 (2007)
3000 mètres – 7:33.93 (2005)
5000 mètres – 13:05.18 (2010)
3000 mètres steeple – 7:56.37 (2005) 

Retrouvez une biographie complète (en anglais) sur Paul Kipsiele Koech ici.

  

Culture Athle : Paul Kipsiele, vous avez fini 3ème des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 sur le 3000m steeple pour compléter un triplé kényan. J’imagine que ce podium 100% kényan avec l’hymne national devait être un moment merveilleux. Quelles étaient vos sensations en franchissant la ligne d’arrivée et sur le podium ?

Paul Kipsiele Koech : J’étais vraiment heureux de franchir la ligne d’arrivée car j’ai fais le travail tout seul. C’était comme un rêve pour moi sur le podium parce que c’était ma première médaille dans un grand championnat.

Podium 100% kenyan à Athènes 2004. Kemboi, Kipruto, Koech

Le steeple est une tradition au Kenya, les coureurs kényans ont gagné chaque 3000m steeple olympique depuis 1968 (sauf en 1980 and 1984 à cause du boycott kényan). Comment expliquez-vous ce succès ?

– Le steeple est la discipline la plus dure pour les nations étrangères car cela nécessite beaucoup d’attention et de préparation, ce qui inclut les techniques de franchissement et aussi un développement précoce ce qui est très difficile à faire en dehors des période hors compétitions.

 

Quels coureurs étaient vos idoles quand vous avez commencé la course à pied ?

– L’athlète que m’a inspiré le plus est le marathonien Paul Koech (ndlr : son homonyme, vice-champion du monde de cross et champion du monde du semi-marathon en 1998) car il avait l’habitude de faire la course devant, et non pas en restant à l’arrière.

 

Vous êtes un athlète de niveau mondial (5ème perfromeur de l’histoire sur 3000m steeple) mais vous n’avez pas pu participer aux Mondiaux en 2003 et 2007 et aux JO de 2008 à cause des Trials (course de sélection kényane à l’image des Trials aux USA) qui sont très sélectifs. Quelle est la chose la plus difficile dans ces Trials ?

– Au Kenya nous avons toujours des gars très forts, mais le problème principal pour moi est de concourir à haute altitude.

 

Vous venez juste de battre votre propre record du monde indoor du 2000m steeple à Gand et vous êtes le 10ème performeur du 3000m indoor et 6ème du 5000m indoor. Depuis 2007, pourquoi avez-vous donné priorité à l’indoor plutôt qu’au cross-country ?

– En courant la saison indoor, je serai par la suite mieux préparer pour l’outdoor car en comparant les séances, je fais quasiment les même que pour la piste.

 

Vous êtes le premier coureur de steeple à avoir gagné la Diamond League. Que pensez-vous de cette nouvelle compétition ?

– Pour moi, c’est une compétition équitable, ce qui compte c’est la régularité dans cette Diamond League.

Paul Kipsiele Koech à Bruxelles en 2010, vainqueur de la Diamond League

Quels sont vos futurs objectifs ?

– Mon futur objectif est d’assister les prochains jeunes athlètes quelque soit le pays d’où ils viennent. Comme par exemple récemment j’ai eu un garçon qui a battu deux records juniors.

 

Vous avez rejoint un groupe d’athlètes en Allemagne en 2001. Comment organisez-vous votre saison ? Êtes-vous en Europe toute l’année ou seulement pour les compétitions ?

– Mon entraînement intensif est au Kenya, je viens en Europe seulement pour les compétitions.

Iaaf grand prix 2007, Ostrava

Quelle est votre séance d’entraînement préférée ? 

– Ma séance préférée est le fartleck parce que c’est une séance dure et qu’après ça toutes les autres séances paraissent plus facile. 

 

A Berlin 2009, vous terminiez 4ème derrière le français Boubdellah Tahri qui s’entraîne parfois au Kenya. De plus en plus d’étrangers essayent d’imiter les méthodes d’entraînement kényanes en se rendant sur vos terres. Plusieurs entraîneurs kényans veulent restrindre cette tendance. Que pensez-vous de cela ? Est-ce une menace pour la suprématie kényane ?

– C’est un tort que de vouloir refuser aux athlètes étrangers la possibilité de venir au Kenya et de partager avec nous l’expérience du haut-niveau. Les entraîneurs qui essayent de limiter l’accès aux étrangers manquent, je pense, de connaissance sur la course à pied. C’est-à-dire qu’ils ne savent pas que nos athlètes vont aussi en Europe pour s’entraîner. Ces entraîneurs doivent penser aux générations futures, ce sont aussi leurs enfants qui voudront continuer d’apprendre à l’étranger.

 

Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre fondation “Running for education” ?

– C’est une fondation qui assiste les jeunes enfants pour aller à l’école, pour ceux qui ne sont pas capable de payer les frais de scolarité. Elle est aussi faite pour les accompagner dans leur talent pour la course à pied ainsi que pour leur apprendre comment gérer leur après carrière athlétique.

 

Enfin, votre nom est très similaire à votre compatriote Paul Koech (champion du monde de semi-marathon en 2008 et 2ème aux mondiaux de cross-country la même année). Est-ce vrai que certains journaux et sites internet font parfois l’erreur de mettre des photos de lui à la place de vous ?

– La plupart des sites web me confondent avec l’autre Paul Koech, particulièrement lors des premières fois en Europe, j’ai du leur expliquer longuement.

  

Nous vous encourageons à regarder une vidéo sur sa fondation Running for Education et de visiter le site internet de Paul Kipsiele Koech : www.kipsiele.com