Benjamin Malaty : « J’ai vécu un moment inoubliable »

 
Benjamin Malaty, champion de France de cross-country 2012Benjamin Malaty, champion de France de cross-country 2012

Champion de France de cross-country à La Roche-sur-Yon en mars dernier et champion d’Europe par équipe à Velenje fin 2011, Benjamin Malaty est l’une des révélations de l’hiver. Un petit échange bien sympatique à quelques jours de sa participation au marathon de Paris.

Ivan Moreau : Bonjour Benjamin, comment te sens tu à quelques jours du marathon de Paris et quel y sera ton objectif pour cette première incursion sur la distance?

Benjamin Malaty : Bien merci, je suis en bonne forme après mon deuxième stage à Monte Gordo au Portugal ou j’ai pu réaliser de bonnes séances avec le collectif marathon de l’équipe de France.
J’espère y faire de mon mieux avec une bonne performance au bout pour envisager de continuer sur cette distance à l’avenir. Concrètement je vais partir sur les bases de 2h13 avec normalement l’assurance de lièvres jusqu’au 25e kilomètre et on verra au bout ce que cela donnera car je débute sur la distance avec un peu d’expérience sur route seulement.

Tu parles de cette porte ouverte sur le marathon mais c’est un peu oublier que tu as été champion de France de cross cet hiver et que tu y as aussi de belles choses à faire encore, non ?

Oui mais initialement c’est mon projet marathon qui m’a permis de faire cette bonne saison de cross car je me suis relancé cet automne avec cet objectif différent des autres saisons après 2-3 années de blessures et de stagnation.
J’avais besoin d’un nouveau challenge alors que je saturais un peu sur piste et cette remise en question m’a été très profitable pour le cross avec ce titre acquis à La Roche sur Yon.

Beaucoup d’émotion personnelle je crois autour de ce titre acquis un peu à la surprise générale mais peut être pas tant que ça pour toi comme pour ceux qui ont suivi ta saison hivernale ?

Je n’étais pas favori mais j’avais acquis de la confiance après ma sélection aux Europe de cross qui a été un petit déclic pour moi.
Ensuite le titre de champion d’Europe par équipe et ma 12ème place m’ont donné encore plus confiance et la course des France assez indécise sur le papier était presque idéale pour moi. Maintenant l’objectif premier de cette période était bien le marathon de Paris que j’ai préparé au mieux.
En tout cas, j’ai vécu un moment inoubliable à La Roche, tellement fort que je me demande si je revivrai un jour une telle émotion à l’arrivée d’une course.

En terme de préparation quelles sont tes conditions d’entraînement actuellement ?

Je suis actuellement entraîné par Messaoud Settati avec qui j’ai commencé en école d’athle à 9 ans et qui me suit depuis l’age de minime. Messaoud est un entraîneur passionné qui s’occupe d’autres bons ½ fondeurs formés pour la plupart à Agen, où il entraînait bénévolement depuis près de 30 ans. Il est à présent à Nérac (petit club à proximité).
J’ai pour ma part rejoint le club de l’US Talence depuis maintenant 2 ans.
Aujourd’hui j’ai terminé mes études que j’ai menées à Bordeaux et le club de Talence me soutient ainsi que mon sponsor ASICS dans l’attente d’un premier emploi que j’espère trouver dans ma spécialité (1)

C’est difficile de concilier sport de haut niveau et étude, puis une activité professionnelle. Tu n’as pas été tenté de rejoindre l’armée comme d’autres athlètes de ta génération ?

Non c’est quelque chose que je n’ai tout simplement pas envisagé car après 5 ans d’étude j’ai envie d’avoir de l’expérience directement dans mon domaine même si pour l’instant je suis dans une période transitoire à la recherche d’un emploi qui me permettra aussi de poursuivre le haut niveau dans une certaine stabilité.
Le travail reste mon objectif prioritaire, quitte à délaisser un jour le haut niveau. Si je peux concilier les deux, ce serait évidemment une grande satisfaction.

Et tu n’es pas sans savoir qu’il existe aussi aujourd’hui un terrain propice à cette forme de haut niveau avec le trail. Aucune intention de ce côté lorsque tu as envisagé de passer sur marathon ?

Non plus, ce n’est pas une discipline qui m’attire aujourd’hui.
Sans rejet particulier j’aspire à aller au plus loin de ce que je pourrai faire sur des disciplines plus traditionnelles, plus denses également à haut-niveau et les distances proposées en trail sont trop longues à mon goût pour que je puisse m’y aventurer. Je précise que j’aime courir dans ces conditions, en nature, mais c’est quelque chose qui ne m’attire pas pour l’instant tout simplement.

Tu parles de densité et de recherche de haut niveau . On a vu aux France de cross que vous étiez deux des « juniors de Saint Galmier » (2) sur le podium. Comment commenter cela dans la mesure où votre prestation à ces championnats du monde de cross a quelque peu sonné le glas des sélections d’équipe complète junior aux championnats du monde suivants ?

C’est quelque chose que j’aime à rappeler effectivement car cette année là nous avions fini derniers par équipe et avions été un petit peu montrés du doigt pour cela mais au final cette génération ne s’en est pas trop mal sorti et notre sélection ne nous avait pas « cassé » plus que ça. Après c’est de l’histoire ancienne pour nous mais on peut dire que c’est un peu dommage que les sélections juniors suivantes en aient un peu payé les pots cassés.

Well, une dernière question plus « locale » pour finir. Rugby ou pas rugby et si oui quel poste aurais tu aimé jouer ?

Oui Rugby bien sûr même si je n’y ai pas joué en club. Ca reste le sport majeur dans le sud ouest et particulièrement à Agen. Pas facile d’être athlète dans cette région, c’est d’ailleurs aussi pour cette raison que j’ai quitté ma ville de cœur.
Je reste tout de même un passionné de rugby, puisque je suis abonné au S.U.Agen (club 8 fois Champion de France). J’aime aller au stade pour voir du vrai « combat », des plaquages monstrueux, des envolées de ¾ et pour l’ambiance conviviale qui y règne.
J’ai pratiqué brièvement au Collège au poste d’ailier, car il fallait courir vite mais pour la dépense énergétique et la combativité sur le terrain, j’aurais aimé jouer 3ème ligne.
Malheureusement je n’ai jamais eu la vitesse, ni le gabarit pour persévérer.

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(1) Titulaire d’un master 2 « aménagement du territoire »
(2) Sélectionné aux championnats du monde de cross à Saint Galmier en 2005, Benjamin faisait partie de l’équipe de France junior composé de 
Denis Mayaud (90e de la course et récent champion de France du 10 km ) 
Yohan Kowal (106e et 10e du 3000 m des championnats du monde indoor 2012)
Anthony Saudrais (107e)
Maxime Fico (114e)
Jason Dufresne (117e)
Benjamin Malaty (123e et champion de France de cross Elite 2012)