Bryan Cantero : « J’ai tout ce qu’il faut pour progresser »

 
Bryan Cantero, champion de France Elite 2012 en salle sur 1500m

Champion de France Elite en salle sur 1500 mètres, Bryan Cantero poursuit son ascension dans la hiérarchie du demi-fond français du haut de ses 21 ans. L’athlète de l’AS Aix-les-Bains semble avoir franchit un nouveau cap depuis sa rentrée à l’INSEP en septembre dernier, sous la houlette de Jean-Claude Vollmer. C’est dans ce nouveau cadre qu’il poursuit sa progression. Un cadre idéal qui pourrait l’emmener cet été aux championnats d’Europe…

Culture Athle : Bonjour Bryan, tu viens de réaliser une très bonne rentrée aux Interclubs sur 1500 mètres en 3’43’’09, où en es-tu dans ta préparation pour la saison estivale ?

Pour ma rentrée aux interclubs, l’objectif était de courir tout seul au train sur un rythme de 3’42-3’43. Le chrono est donc conforme avec ce qu’on s’était fixé avec mon entraîneur. Après la saison indoor, j’ai réalisé une grosse phase de foncier et on a aussi insisté sur le renforcement musculaire. Là on va commencer à attaquer vraiment les séances spécifiques avec un peu plus de qualitatif. Juste avant cette rentrée j’avais couru quelques séances de rythme du genre 8x500m ou 10x400m. Je ne suis pas parti en stage ce printemps car mon entraîneur préférait que je réalise toute ma préparation à l’INSEP vu que nous avons de très bonnes structures ici.

Un peu plus tôt dans la saison, tu es devenu champion de France Elite en salle, qu’as-tu ressenti pour ton premier titre en Elite ?

Ca fait plaisir, c’est d’ailleurs mon premier titre sur 1500m car en cadet et junior je n’étais jamais monté sur la plus haute marche du podium, j’avais toujours finis deuxième. Je suis très content de ce titre même si je suis conscient qu’il manquait les principaux favoris. C’est quand même une belle reconnaissance. Je savais que Grégory Beugnet était le favori et qu’il allait prendre ses responsabilités. J’ai fait ce que j’avais à faire, je me suis callé derrière lui et j’ai attaqué dans la dernière ligne droite. Ca a marché pour moi, tant mieux ! La semaine avant j’étais tombé un peu malade donc je n’arrivais pas très serein à Aubière.

Tu es aussi à l’aise sur la piste, en salle ou en cross-country, est-ce que tu as une préférence pour une de ces trois disciplines ?

Ma préférence va clairement à la saison estivale, c’est la plus prestigieuse. Après j’aime bien aussi la saison en salle, 3 ou 4 compétitions et un championnat me suffisent bien. Je n’aime néanmoins pas trop être enfermé et je trouve que les séances en salle sont plus éprouvantes qu’à l’extérieur. C’est assez dur pour respirer et c’est parfois même un peu étouffant. Ca fait plaisir dès qu’on retrouve la piste en plein air. Cette année pour l’instant j’ai réalisé plus de séances en salle qu’à l’extérieur car ce printemps on a eu beaucoup de vent et de pluie. On a la chance d’avoir une piste en salle de 340m donc on en profite.

Tu as intégré l’INSEP depuis cette année, comment te sens-tu dans ta nouvelle vie parisienne ?

Je me sens bien, j’ai trouvé un nouvel équilibre. J’ai un nouveau coach avec de nouvelles méthodes. Je m’entraîne plus dur et je trouve que l’entrainement est plus complet. Je fais beaucoup de musculation et de renforcement musculaire. Ma foulée a bien évoluée. Au niveau extra-sportif, tous les moyens de récupération sont à notre disposition avec les kinés et le staff médical et la nourriture est saine. C’est parfait pour avoir une démarche de haut-niveau, si tu es sérieux il n’y a pas de raison pour ne pas réussir.
Le seul petit point négatif c’est que je n’ai pas de groupe d’entraînement, je m’entraîne seul avec mon coach Jean-Claude Vollmer. Il s’occupait de la préparation physique de Mehdi Baala et de quelques athlètes mais cela faisait plusieurs années qu’il n’entrainait plus d’athlètes à plein temps. Jean-Claude Vollmer a entraîné auparavant Mehdi Baala, Bob Tahri et Nadir Bosch donc il a beaucoup d’expérience. De plus, j’apprécie son approche scientifique, il me fait par exemple passer des tests sur tapis pour déterminer notamment ma VO2 max ou mon seuil lactique.

L’année passée, tu avais tenté ta chance aux Etats-Unis à l’Université d’Arkansas, qu’est-ce que tu as retenu de cette expérience ?

J’ai appris à découvrir une autre culture, une nouvelle langue et une nouvelle manière de s’entraîner. Ca m’a permis de m’ouvrir à autre chose. Je me suis néanmoins rendu compte assez vite que ce système n’étais pas celui qui me convenait le mieux. J’ai compris au bout de deux ou trois mois que c’était en quelque sorte « l’industrie » du coureur à pied. Ce n’était pas du tout personnalisé et on ne pouvait pas discuter de la programmation avec le coach. Il nous manquait certaines éléments, on ne faisait quasiment pas de PPG par exemple et pas du tout de musculation.
Après je pense qu’il existe des universités où le coach a une approche un peu différente. De plus ça ne coïncidait pas vraiment avec les objectifs que j’avais en France, donc c’était un peu compliqué et j’avais du mal à faire abstraction de ça. Ca m’aura toujours apporté une expérience et j’ai pu apprendre l’anglais.

Ca n’avait donc rien à voir avec ce que tu vis maintenant où l’entrainement est très personnalisé…

C’est vraiment tout l’inverse maintenant, mon programme est ultra personnalisé, c’est très complet. J’ai vraiment tout pour progresser. Je ne peux rien espérer de mieux si ce n’est peut-être un groupe d’entrainement dans les années à venir avec un ou deux autres coureurs pour m’aider à me dépasser en séance. Je m’entraine en moyenne entre 11 et 12 fois par semaines. A l’INSEP c’est facile d’avoir un entraînement sérieux et s’entraîner 2 fois par jour ne pose pas trop de soucis car on n’a pas la contrainte de prendre les transports ou d’aller en cours loin.

Pierre-Ambroise Bosse vient de réaliser 1’45’’69 sur 800m au meeting de Doha. Florian Carvalho, Mehdi Baala et Yohan Kowal ont déjà réalisé les minimas pour les Jeux Olympiques (3’34’’90). Ressens-tu une émulation dans le demi-fond français ?

Oui clairement, surtout sur 1500m. Chaque année j’ai l’impression qu’il y a de nouveaux coureurs qui descendent sous les 3’36. Il y a aussi Jamal Aarrass qui vient de courir en 3’35, Otmane Belharbazi et Grégory Beugnet qui ont réalisé 3’36 l’an passé. Pour les France il va y avoir une bonne bagarre, ça me motive d’autant plus.
J’espère cette année descendre mon chrono de quatre secondes, c’est l’objectif qu’on s’est fixé avec mon entraîneur. J’ai bien progressé à l’entraînement. J’ai plus de foncier et plus de résistance que l’année passée et j’ai progressé au niveau de la technique. Si j’arrive à rentrer dans un bon meeting, le chrono devrait suivre.
L’objectif sera de réaliser les minimas pour les Europe (3’36’’90) avant les championnats de France Elites. J’aurai surement deux occasions pour les réaliser, le 28 mai à Rehlingen en Allemagne où il y a chaque année une très bonne densité et un meeting encore à définir la semaine suivante.

Et les Jeux Olympiques, tu y penses un peu ?

Si je réalise les minimas pour les Europe, ça me donnera confiance et ça m’ouvrira sans doute des portes pour rentrer dans de plus grands meetings et là pourquoi pas, quand je vois ce qu’a fait Florian l’an passé on sait jamais, on verra.

Justement, j’imagine que le parcours de Florian Carvalho doit t’inspirer…

On se voit souvent en sélection, je m’entends très bien avec lui et son coach Gérard Sautret. On se connait bien, on s’apprécie, j’espère suivre son parcours et dans deux ou trois ans arriver aux performances qu’il a faites. J’espère qu’on se retrouvera en grand championnat.

La finale des interclubs Elite aura lieu à Aix-les-Bains le week-end prochain. Tu seras aligné sur quelle distance ? Ca va être aussi l’occasion de retrouver Robert Bogey (ndlr : sélectionné olympique aux JO de Rome en 1960 sur 10 000m et ex-recordman du monde du 4x1500m avec Michel Jazy, Jean Clausse et Michel Bernard), ton premier entraîneur…

Je vais faire le 800m. Il me manque encore un peu de finish sur 1500m, le petit coup de rein qui fait la différence. Oui ce sera l’occasion de retrouver Robert, on reste toujours en contact, on s’appelle quasiment tous les jours. Je redescends aussi assez souvent à Aix. On s’entend très bien, je lui envoie mes plans d’entraînement et il me donne toujours des conseils. Il avait eu lui aussi une expérience parisienne au bataillon de Joinville et ça lui remémore des souvenirs. Je pense que l’AS Aix-les-Bains sera en mesure de monter sur le podium, d’autant plus qu’on sera à domicile.

A l’INSEP tu suis une formation de journalisme, c’est bien ça ?

Oui je suis des études de journalisme à Sportcom même si j’envisage peut-être de changer l’an prochain. La formation est intéressante mais ça ne correspond pas tout à fait à ce que je veux faire plus tard. J’ai quelques idées mais rien de concret pour l’instant. Dans tous les cas, j’aurai un double projet.

Merci beaucoup Bryan d’avoir répondu à nos questions, nous te souhaitons une très bonne saison estivale !
 


Bryan Cantero est champion de France Elite en salle 2012 sur 1500m. Depuis 2009, il a été sélectionné 7 fois en équipe de France jeunes et obtenu deux médailles par équipe aux championnats d’Europe de cross. Son record personnel sur 1500m est de 3’39 »79.