Laura Valette, nouveau record de France minime du 80 haies : entretien avec son entraîneur Nicolas Trouvat

Laura Valette, athlete licenciée au club de l’ASPTT Nantes a battu le record de France du 80 m haies minime en 11’’19 lors de sa participation à la Finale nationale des pointes d’Or 2012 à Albi.
Performance remarquable et remarquée.
Rencontre avec Nicolas Trouvat son entraîneur à l’ASPTT Nantes.

Bonjour Nicolas, Laura Valette athlète que vous entraînez a battu un record de haute tenue lors de la finale des pointes d’or à Albi la semaine dernière. Une grosse satisfaction pour l’athlète comme pour l’entraîneur je suppose ?
Oui c’est une performance qui nous a fait très plaisir sur cette discipline qu’elle affectionne. Laura est une compétitrice et s’est investie avec beaucoup de sérieux cette année.
Ca lui tenait à cœur de finir avec le meilleur temps des pointes d’or 2012 sur cette épreuve.
Le record en revanche n’était pas réellement programmé mais nous n’avons pas boudé notre plaisir de l’avoir battu.

Ce record la place dans la lignée d’hurdleuses de talent comme Reina Flor Okori, précédente recordwoman de France en 11’’44. Pouvez nous indiquer le parcours sportif de Laura jusqu’ici ainsi que ses qualités principales ? 
Elle pratique l’athle depuis ses débuts en école d’athlétisme en 2004 , jusqu’ici en parallèle avec d’autres activités sportives comme la gymnastique et la danse . C’est une athlète très volontaire et depuis cette année elle a décidé de s’investir davantage dans l’athlétisme en cessant ces autres sports.
Elle a pu intégrer le centre d’entraînement nantais sportif qui lui offre de très bonnes conditions pour évoluer dans cette approche.
Sur ces principales qualités, c’est une jeune fille qui aime l’activité sportive et ses qualités sont autant physiques que dans sa motivation à vouloir progresser.
Elle n’a pas pour l’instant de qualités techniques spécifiques avec un gabarit « moyen + » (1m72).

Vous évoquez le C.E.N.S, centre pour jeune sportifs , de quoi s’agit il ?
C’est un centre ouvert aux enfants scolarisés à partir du collège qui accueille différents sports et offre des conditions d’étude particulières permettant la pratique du sport. Il s’agit en fait des infrastructures de l’ancien centre de formation du FC Nantes.
On y retrouve par exemple les jeunes basketteurs de l’Hermine de Nantes tout comme 18 autres sports en pôle espoir et pôle France pour beaucoup.
Tout ceci est mis en place en partenariat avec les clubs.
Les moyens mis en œuvre permettent une optimisation du temps scolaire (classes de huit élèves, -30 % de temps de cours, pas de cours d’EPS).
Je suis enseignant en anglais dans cette structure en tant que vacataire et les conditions y sont excellentes pour l’ensemble des jeunes.

Laura s’entraîne donc déjà régulièrement, quels sont les principaux axes de son entraînement ainsi que ses conditions générales d’entraînement ? 
Depuis cette année et son entrée en seconde (1) Laura a décidé de s’investir davantage dans l’athlétisme. C’est un projet concerté entre elle, ses parents et moi mais Laura s’entraîne dans un groupe où les fréquences d’entraînement diffèrent selon les athlètes. Son assiduité me permet de lui donner des bases nécessaires à la découverte du haut niveau ou du moins à pouvoir l’envisager à terme. Travail technique athlétique mais aussi des séances de relaxation, souplesse, étirements.
Avoir un objectif est la seule condition que je fixe aux athlètes en évaluant cela avec eux au moins deux fois par an pour m’adapter en conséquence.

Un entraîneur qui s’adapte à ses jeunes athlètes de la sorte c’est assez rare pour être souligné. Quelles en sont les raisons vous concernant plus précisément ? 
J’ai entraîné six ans en « high school » aux Etats-Unis à Santa Fé au Nouveau Mexique d’abord comme préparateur physique dans mon sport d’origine le basket puis en athlétisme où la culture US encourage les entraîneurs à encadrer d’autres sports selon les besoins.
J’ai d’abord apporté ma compétence de préparateur physique avant de pouvoir apprendre à entraîner spécifiquement en athlétisme au contact de coachs spécialisés. Ca m’a été très profitable et instructif et je suis aujourd’hui plutôt spécialisé sprint-haies et sur les relais.
A mon retour en France en 2010 c’est avec cette expérience que je me suis rapproché de l’ASPTT Nantes qui m’a permis de prendre en charge un groupe sprint-haies et de l’organiser en fonctions des athlètes qui le composaient. Une chance pour moi, et aujourd’hui c’est ce fonctionnement qui prévaut, ma règle de conduite étant d’être disponible selon le potentiel et la volonté des athlètes du groupe.

Votre groupe est constitué de jeunes athlètes donc, ce qui doit peut-être permettre à Laura d’avoir quelques partenaires d’entraînement privilégié ? 
C’est un groupe qui était fort de cinq minimes cette année sur lesquelles se base une bonne partie de la dynamique des entraînements. Il y a aussi une très bonne cadette sur 400 m (2) et une sprinteuse irlandaise senior (3) qui s’essaye également depuis cette année au 400 m avec une certaine réussite.
J’entraîne actuellement ce groupe d’une quinzaine d’athlètes qui me donne beaucoup de satisfactions dans son ensemble et c’est cette dynamique qui profite également aux athlètes.

On évoque assez peu souvent la satisfaction de l’entraîneur quand on parle d’entraînement de jeunes et de performance. Pas d’inquiétude particulière à évoluer un peu à contre-courant d’entraîneurs plus réservés sur cet aspect performance ?
L’objectif pour un entraîneur tel que je le conçois est très globalement tourné vers la performance et j’en ai eu la démonstration encore aux pointes d’or la semaine dernière.
J’ai le souci de ne pas amener un athlète jusqu’à un point de rupture dans l’excès de ce qu’il peut réaliser.
J’ai été Head coach salarié en lycée aux USA avec la responsabilité d’une équipe d’assistants et d’étudiants investis dans le sport et les études.
Ma motivation est la même en tant que bénévole ici : le sport comme source de dépassement et d’éducation.
Par ailleurs nous avons mis en place pour l’ensemble du groupe un suivimédical (kine, podologue et psychologue) et Laura bénéficie aussi d’un environnement familial très positif et en phase avec les contraintes que cela sous-entend.
C’est l’opportunité du C.E.N.S et du partenariat mis en place avec eux qui me permet de concrétiser ce projet pour Laura aujourd’hui. Ce serait difficile autrement.
L’idée est bien de faire du sport de compétition et j’espère voir d’autres athlètes bénéficier de ces conditions à Nantes.
A ce titre nous avons fait une demande à la FFA pour permettre une officialisation de notre structure en tant que structure de formation FFA.

C’est sans doute une précision qui sera appréciée de tous .
Je vous remercie pour cet entretien sans détour et la transparence de vos réponses.
On souhaite à Laura de continuer sur sa lancée, des vacances bien méritées et une excellente continuation à votre groupe.

 laura valette albi

Pour plus d’informations
La page Facebook du groupe sprint de l’ASPPT Nantes : http://www.facebook.com/pages/Asptt-Nantes-Sprint/203800342974275
Le site officiel du C.E.N.S : http://www.cens44.fr/

(1) Laura possède un an d’avance dans sa scolarité.
(2) Célia Audibert, cadette , en 58’’21 au 400 metres.
(3) Shauna Cannon, athlele irlandaise spécialiste de sprint en 11.93 au 100m, 24.4 au 200m et 56.31 au 400m.