Benjamin Bellamy premier de cordée

Premiere sélection en équipe de France de course de montagne, 20e et premier français lors des derniers championnats du monde en Italie à Ponté di Legno le 2 septembre dernier, Benjamin Bellamy (dossard 111) a ponctué de belle manière sa saison 2012. Rencontre avec ce néo « montagnard ». 

benjamin B

Bonjour Benjamin. Première sélection en equipe de France de montagne, 1er français à l’arrivée. Peux tu te présenter davantage aux lecteurs de Culture Athle : ton parcours athlétique, tes débuts notamment ?

J’ai débuté l’athlétisme à l’âge de 7 ans dans la foulée d’un père coureur ( ainsi que grand-père) au club de l’Entente Athlétique du Pays de Foix auquel je suis très attaché et toujours fidèle plus de 20 ans plus tard!

J’ai très rapidement eu une préférence pour les courses d’endurance et de pleine nature avec une affection plus particulière pour le cross-country.

Arrivé en cadet lors de mon premier championnat de France de cross-country à Carhaix (et peut-être un de mes meilleurs souvenirs) je termine 7ème n’étant que cadet première année et ayant terminé 7ème aux inters cela fut une énorme surprise pour moi et un plaisir mémorable. J’ai par la suite été vice-champion de France cadet à Grande-Synthe et obtenu une sélection pour les championnats d’Europe junior de cross-country en 2003 à Edimbourg où j’ai terminé 35ème et 3ème français.

Entre temps je n’ai pas pu atteindre mon objectif de mondial junior de cross-country et n’ai pas eu de résultats à la hauteur de mes espérances sur la piste non plus.

Quelles ont été ensuite en seniors tes meilleures performances ?

Arrivé espoir et donc senior par la force des choses j’ai eu le plaisir de voir augmenter le kilométrage en cross et me suis dirigé vers le 3000m steeple qui m’a permis de prendre plus de plaisir sur la piste et de remporter une médaille de bronze en espoir et au France de National (N2).

J’ai également participé aux championnats de France Elite sur le steeple en 2007 (6ème) et en 2008 (8ème) avant de porter mon record à 8’43″07 en 2009.

Ma compétition préférée reste toutefois le championnat de France de cross dont je n’ai raté qu’une édition depuis 2000 la faute à une opération de l’appendicite. Et cette année j’y ai fait mon meilleur résultat sur le cross long avec une 37e place très satisfaisante.

Un beau parcours déjà pour ceux qui ne connaissent pas les athletes « cross-piste » de niveau national. Qu’en est-il de ton investissement pour la montagne maintenant ?

C’est quelque chose que tu avais prévu de longue date ?

Oui et non en fait.

Suite à mes saisons sur steeple, un phénomène de lassitude s’est un peu fait ressentir et l’enchainement de blessures (tendon d’Achille) liées à la pratique de la piste, m’ont donné envie d’explorer d’autres horizons.

Depuis mon enfance et les courses où j’accompagnais mon père, j’avais envie de pratiquer ces courses en nature et plus particulièrement en montagne. C’est un environnement que j’apprécie particulièrement en raison du calme qui y règne, la beauté et variété des paysages ainsi que les rencontres fortuites avec les animaux.

Apres, depuis quelques années, l’été, je participais à une course en montagne au Pays Basque: la course de la Rhune et j’ai ainsi pu me faire une idée de la discipline, très belle mais très exigeante.

Exigeante et peut être encore plus surprenante au début quand on y vient avec de bonnes références pedestres non ?

Oui pas évident du tout au départ. L’an dernier par exemple après un début de saison difficile avec des chronos décevants sur piste, je me suis décidé après les France N2 à participer aux championnats de France de courses en montagne à Tardets. En assez bonne condition physique donc, je termine à cette occasion 24ème après 7 chutes dans la course dues à un parcours rendu extrêmement glissant par des pluies diluviennes.

Celà ne m’a pas découragé et 15 jours plus tard je gagnais enfin cette fameuse course de la Rhune avec un chrono intéressant, me confirmant ainsi que c’était une discipline dans laquelle je pouvais espérer combiner plaisir et bons résultats malgré mon expérience difficile à Tardets.

Qu’a tu découvert depuis par rapport à la piste, par ta pratique plus importante cette année des courses de montagne ?

Une petite anecdote toute bête, lors du championnat de France suite à une chute dans la boue sur une pente très raide, je n’arrivais pas à me relever, mes pieds patinant dans la boue et un concurrent m’a aidé alors que nous étions aux alentours de la 12ème place. C’est un petit geste mais cela reflète pour moi un bon état d’esprit qui m’a été confirmé depuis par des courses et après-courses fort sympathiques !

D’un point de vue plus athlétique, j’ai eu plus de mal à m’adapter aux descentes et même si j’ai depuis progressé dans cet exercice, il me faudra continuer à le travailler dans l’avenir. Lors des premières courses en descente, l’effort excentrique peut entrainer également des courbatures très importantes au niveau des cuisses si l’on n’y est pas préparé et je peux vous dire que dans ce cas là on maudit tous les escaliers que l’on croise les jours suivants la course!

Et la montée, pas trop difficile en comparaison ou peut on dire qu’il y a aussi un « style montagnard » à acquérir pour arriver à bon port au sommet ?

Concernant la montée, c’est un effort assez particulier où la plus faible vitesse de progression permet de pouvoir ressentir au maximum l’effort. Il n’est pas facile de trouver son équilibre et la bascule dans le rouge peut être très rapide et dans ce cas là on reste planté dans la pente et l’on peut perdre énormément de temps.

Il y a donc tout un travail d’adaptation de la foulée à faire, trouver le bon compromis fréquence/amplitude ainsi qu’un travail d’alternance marche/course pour les pentes les plus raides (30% environ) mais également une adaptation au manque d’oxygène pour les courses en altitude.

De bonnes réflexions techniques pour qui voudrait venir à la course de montagne. Te concernant quelles sont désormais tes ambitions après cette première expérience de saison estivale consacrée à la montagne ? T’améliorer encore, revenir à la piste ou t’engager encore vers d’autres expériences type trail ?

Cette année le bilan est pour moi très positif car les résultats ont dépassé mes espérances. Je compte cependant continuer les cross pendant la saison hivernale car j’adore ça (surtout dans la boue!) et l’été poursuivre sur le format course en montagne.

Après autour de ces saisons et surtout si j’ai la chance de ne pas être blessé, pourquoi ne pas inclure quelques courses un peu plus longues pour commencer à m’adapter aux plus longues distances car il y a certaines courses que j’aimerais vraiment découvrir dans le futur (Sierre-Zinal, Marathon de montagne de Zegama, Marathon du Montcalm chez moi en Ariège …) mais bon chaque chose en son temps.

Et qu’en est il de ta situation professionnelle ? Tu es kiné de formation, exerces tu à temps plein ou as-tu coupé la poire en deux entre ton sport et ton métier comme on le voit parfois chez certains athlètes?

En dehors de la course je suis Masseur-Kinésithérapeute salarié au CREPS de Toulouse et je m’occupe donc de sportifs en pôle France ou Espoir, avec des disciplines, des âges et des niveaux assez variés. Je travaille 38h30 par semaine avec 2 matinées de libre. Mes horaires (sortie du travail à 19h45) ne me permettent pas de m’entrainer en groupe et je dois donc le plus souvent m’entrainer seul entre 12 et 14h ou les matins où je ne travaille pas

Cela me fait donc des journées assez chargées et parfois la fatigue se fait ressentir, c’est pourquoi j’essaie d’adapter mon entrainement à la forme du jour.

Mais ce travail me plait beaucoup et j’apprécie particulièrement le fait de pouvoir travailler en équipe (médecin, infirmière, kiné, ostéo, podologue, dietéticienne, psychologue…).

Bien entouré professionnellement mais un peu esseulé donc au niveau sportif, ce n’était peut être pas évident pour découvrir sérieusement ainsi une nouvelle discipline ?

Oui mais j’arrive parfois à retrouver un ami pour les footings longs du mercredi matin et le week-end j’ai pu partager cette année une partie de mes sorties montagne avec Pierre-Laurent Viguier spécialiste également de la montagne.

C’était vraiment un plus car nous avons ainsi pu beaucoup échanger sur la discipline et nous avons passé de bons moments ensemble.

Pour le plaisir de la formulation, tu as pris avec la montagne un peu de hauteur sur ta pratique de demi-fondeur classique cross-piste. Quel regard portes tu sur le 1/2 fond français que tu as côtoyé de très près à un certain niveau sur steeple ?

Depuis petit, j’ai toujours suivi et admiré les performances des meilleurs demi-fondeurs français.

Puis effectivement j’ai eu la chance et le plaisir d’en côtoyer certains et de mieux connaître ce milieu.

Je reste très admiratif de ce qu’ils font car c’est un niveau d’exigence incroyable et cela demande un investissement énorme. J’ai moi même essayé d’y parvenir sans succès, mais je ne le regrette pas du tout, je n’en avais sûrement pas le niveau et je suis très heureux dans ma vie actuelle tout en continuant à pratiquer ma passion avec plaisir. C’est le plus important pour moi. Apres c’est un milieu qui ne fait pas de cadeaux et la concurrence est énorme, sans parler de la concurrence « déloyale ».

J’ai également eu la chance d’aller au Kenya ainsi qu’en Ethiopie en tant que kiné accompagnant et je peux vous dire que le nombre de coureurs qui ne font que ça et rêvent de s’en sortir par la course y est hallucinant ! Ce sont des voyages qui marquent et font forcément relativiser pas mal de choses.  

Maintenant mes foulées m’amènent vers de nouveaux horizons mais je continue à suivre attentivement leurs résultats et reste très admiratif de ce qu’ils font tant le niveau d’exigence et d’investissement est important.

Parmi ces athlètes que tu connais bien, s’agit il du groupe d’entrainement qui a sévi par sa bonne humeur du côte de Font Romeu il y a quelques années ?  

Oui tout a fait.

J’ai de super souvenirs de stages où nous partions tous dans un même appart’ à Font-Romeu avec Sophie Duarte, Yoann Kowal, Yohan Durand, Benjamin Malaty pour les plus connus mais également avec d’autres amis coureurs tout aussi sympathiques et avec lesquels j’ai partagé des moments de vie mémorables. D’ailleurs déjà à ce moment là c’était dans les côtes que je m’en sortais le mieux !

Ce temps est un peu révolu pour moi. Je travaillais alors en libéral ce qui me permettait de me libérer plus facilement qu’actuellement mais nous sommes restés assez proches et leur réussite actuelle me fait vraiment plaisir.

J’ai aussi côtoyé sur la fin de leur carrière Laetitia Valdonado et Nicolas Aissat ce qui m’a permis de prendre conscience que la course même pour ces grands athlètes n’était pas tout et que l’extra-sportif était aussi très important.

Et bien merci Benjamin pour ces paroles rafraichissantes !

 

Fiche FFA de Benjamin Bellamy