Finale de la perche hommes: Tintin au pays des soviets

Grosse attente pour la perche française cette année à Moscou, avec, espérons le, le premier titre français en championnats du monde extérieur en trente ans d’existence.

Renaud Lavillenie arrive au bord de la Moskova en terrain (presque) conquis cette année avec une régularité et une capacité à monter haut qu’aucun de ses adversaires n’a semblé pouvoir tutoyer cette saison. Oublié le mauvais souvenir de son record refusé à 6m07 cet hiver aux championnats d’Europe, ses dernières sorties au Stade de France et au meeting Diamond League de Londres en font LE favori de ces championnats. Les qualifications ayant délivré leur verdict ce concours comprendra ainsi 2 français avec les deux frères Lavillenie, les trois allemands qui ont fait le carton plein, ainsi que 8 autres concurrents (voir plus bas) ayant passé ce cut toujours délicat des qualifications. Un seul russe sera présent : loin est le temps où l’école soviétique régnait sur ces championnats du monde…

Trente ans de mondiaux : Bubka bien sûr

Surprise des premiers championnats du monde de l’histoire à Helsinki en 1983, Sergei Bubka y remporte à 19 ans , le premier de ses six titres consécutifs, empêchant l’accès à la plus haute marche du podium à tout autre vainqueur pendant près de 16 ans ! Moins heureux en compétition olympique il n’aura laissé que des miettes à ses contemporains lors de ces championnats et plus encore aura permis à l’école soviétique d’assoir sa suprématie sur ces championnats.

Si l’on compte ainsi les athlètes ayant changé de nationalité après l’éclatement de l’empire soviétique, c’est la moitié des podiums (1) de ces championnats qui ont été moissonnés faucille à la main !

De 1 à 9 nations titrées : vers une mondialisation de la perche

Ces 50 % cachent cependant une toute autre réalité, plus contemporaine. En effet si on dénombre désormais 17 pays au tableau des médailles, on doit chercher avec attention pour trouver depuis dix ans un seul russe sur un podium mondial, tandis que la perche féminine russe prenait quant a elle son envol avec Feofanova et plus encore Isinbayeva .

Du vainqueur « surprise » comme l’italien Gibilisco en 2003 au plus attendu Australien Steven Hooker en 2011, c’est ainsi 8 nationalités différentes qui se sont partagées le gateau des titres mondiaux avec la fin de règne de l’ogre de Donetsk.

Par ailleurs a l’instar de la finale 2013 qui s’annonce, on retrouve désormais des asiatiques ou autres américains du sud dans le top niveau mondial, le continent africain bénéficiant depuis longtemps de l’exception « culturelle » de l’Afrique du sud pour apparaitre même dans le tableau des médailles en 2003 via Okker Brits titulaire d’un record d’Afrique à 6m03.

La France attend son heure

Nation forte de la perche, école réputée dans le monde entier, la perche française aura brillée aux jeux olympique sur ces trois décennies avec pas moins de trois titres et autant de grands champions (Quinon 1984 – Galfione 1996 – Lavillenie 2012).

Elle présente en revanche un bilan mitigé en championnats du monde. Sans or notamment, elle occupe ainsi la deuxième place à la table des médailles , loin derrière le pays hôte de cette édition. On ne retrouve ainsi qu’un Thierry Vigneron solide dauphin à Rome en 1987 ou Jean Galfione, 3e en 1995 un an avant son sacre olympique, puis il faut attendre 12 ans et six éditions pour voir Romain Mesnil sur la 2e marche du podium d’Osaka, performance qu’il renouvellera deux ans plus tard à Berlin au nez et à la barbe de son encore jeune coéquipier Renaud Lavillenie.

Favori en 2011, celui-ci doit se contenter de la 3e place à Daegu dans un concours hold up où la victoire s’offre au Polonais Wojciechowski, 9e champion du monde de la série.

Nul doute que notre champion olympique en titre mettra toute son énergie et expérience acquise depuis Berlin et Daegu pour convertir son bronze en or. Il réussirait ainsi le doublé JO-Championnat du Monde que seul le maitre Bubka a réalisé jusqu’ici (1992-1993)

Verdict lundi 12 aout…

Les qualifiés pour la finale

athlete

pays

perf en qualif

Jan Kudlicka

CZE

5.65

Malte Mohr

GER

5.55

Konstadínos Filippídis

GRE

5.55

Seito Yamamoto

JPN

5.55

Alhaji Jeng

SWE

5.55

Raphael Holzdeppe

GER

5.55

Valentin Lavillenie

FRA

5.55

Changrui Xue

CHN

5.55

Sergey Kucheryanu

RUS

5.55

Renaud Lavillenie

FRA

5.65

Brad Walker

USA

5.55

Augusto de Oliveira

BRA

5.55

Björn Otto

GER

5.55

(1) 6 titres et 16 podiums pour l’URSS, la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan, auquel on peut rajouter 1 titre et 3 podiums acquis par Markov (Australie) et Averbuck (Israel).