Pole Espoir mode d’emploi par Laurent Freund

En prolongement des interviews consacrées à l’athletisme chez les jeunes, Culture athle est allé interviewer Laurent Freund responsable du pole espoir de Fontainebleau. Pour un petit panorama d’une structure d’entrainement dédiée à la performance , mais pas seulement …

Bonjour, vous êtes le responsable du pole Espoir de Fontainebleau. Pouvez-vous nous en expliquer rapidement le fonctionnement ?

Le pole de Fontainebleau fonctionne avec une trentaine d’athlètes tous pour la plupart sur liste Haut Niveau (liste espoirs ou jeunes). C’est un pré-requis pour y entrer à quelques exceptions parfois. Nous accueillons ainsi de jeunes athlètes de qualité, motivés pour bénéficier de meilleures conditions d’entrainement en accord avec leurs objectifs scolaires.A ce titre nous fonctionnons avec deux établissements scolaires : le lycée Uruguay et le lycée François Couperin tous les deux sur Fontainebleau. Pour le premier, les horaires de cours sont aménagés et les athlètes sont disponibles pour l’entrainement et les soins à partir de 15h30. L’autre structure nous permet d’étendre également le choix des filières scolaires possibles même si nous aimerions bien pouvoir bénéficier aussi d’aménagements horaires pour les jeunes athlètes y étant scolarisés.

Je vous coupe… Est-ce fondamental pour le bon fonctionnement du pôle ?

Oui pour partie dans la mesure où nous accueillons pratiquement toutes les spécialités et avons besoin de travailler à la fois par groupe de spécialités et en même temps en cohésion inter-groupe sur certaines séances dans la semaine. Par ailleurs ces aménagements permettent aussi aux athlètes de s’investir parfois davantage dans leurs études sur des périodes particulières en compensation de temps consacrés davantage à leur pratique sportive, comme les déplacements en compétitions nationales, voire internationales, ou les stages nationaux également pour certains d’entre eux.

Cet entrainement par groupe repose t’il sur des entraineurs spécifiques au pôle ?

Oui et non. Je suis entraineur permanent à ce titre en plus du travail de responsable administratif  du pole et nous avons ensuite des entraineurs spécialisés par famille de disciplines, et en charge de chaque groupe. Nous avons ainsi pour le demi-fond Thierry Choffin par ailleurs professeur agrégé en EPS, Serge Helan pour les sauts horizontaux, Alex Menal pour le sprint, Charlus Bertimon pour les lancers et moi-même pour les haies. Ces entraineurs gèrent leurs groupes ,et les athlètes qui les composent, en autonomie et un peu de coordination de ma part quand cela est nécessaire, pour certaines séances collectives notamment.

Quels sont les objectifs sportifs pour une structure pole par rapport à un club ?

Les mêmes avec vraisemblablement davantage d’exigence pour l’ensemble des athlètes : compte tenu de leur potentiel, nous cherchons à avoir de bons résultats en championnats de France, ainsi que des athlètes sélectionnés en Equipe de France. Pour le pôle bien sûr  mais aussi pour que ses athlètes puissent prolonger leur parcours de haut niveau quand ils nous quittent ensuite.

Pour le pôle, c’est-à-dire … ? Avez-vous des obligations de résultats ?

Non mais c’est dans l’esprit de la démarche initiée par la LIFA. Il y a un investissement financier important de la ligue pour permettre à ces athlètes de s’exprimer dans le haut niveau, la plupart sont licenciés dans des clubs d’Ile de France, c’est aussi une démarche collaborative avec ceux-ci. Je suis par ailleurs détaché par la FFA en qualité de CTR pour exercer mon rôle d’encadrement sur le pole et c’est aussi une exigence personnelle et professionnelle de valider le travail fait, par des résultats. Nous sommes un pôle pour le haut niveau.

Pour un entrainement adapté à la progression future de ces jeunes athlètes néanmoins ?

Oui, comme je vous l’ai dit l’objectif c’est le haut niveau et pas seulement tant qu’ils seront au pôle. On a un peu oublié de le signaler à cette occasion mais les deux médaillés français au derniers Jeux Olympiques sont aussi des athlètes passés par des pôles. En ce sens c’est aussi à long terme, une satisfaction du travail accompli, quand on est responsable d’un pôle quel qu’il soit.

Que pensez-vous des centres de formation de clubs appelés des vœux de certains clubs et de la FFA pour l’avenir ?

Rien de bien polémique si c’est le sens de votre question.

Avec notre expertise et nos moyens nous constatons au quotidien que l’exercice n’est pas aisé : Il faut des structures, des moyens financiers, du personnel qualifié. Nous ne sommes pas venus de nulle part ici à Fontainebleau puisque dans le prolongement d’une section sport étude. En étant bien conscient de ce qui a été facilité par cet héritage je ne peux que souhaiter à certains clubs d’y parvenir également là où cela est possible. Nous accueillons des athlètes demandeurs, pour beaucoup en internat sur la semaine, preuve qu’il y a de toute façon un besoin.

Sur la composition du pole avez-vous des disciplines phares pour lesquelles davantage d’efforts sont consentis ? Des choix dans la sélection à l’entrée en pôle ?

Non, nous avons en fait de bons résultats sur certaines disciplines plutôt que d’autres selon les années  mais l’admission se fait en fonction du niveau des athlètes qui postulent à l’entrée. A l’exception de la perche, nous sommes en mesure d’accueillir toutes les disciplines. Nos entraineurs sont qualifiés, avec des profils très intéressants en tant qu’ex athlètes de haut niveau ou formateurs de qualité. L’admission se fait sur la base du niveau de l’athlète et de sa volonté de mener son double projet athlétisme/étude : Il intègre le pole dans ces conditions sans distinction de discipline.

Aucun souci avec le « recrutement » d’athlètes ?

Absolument pas, des lors que l’athlète et souvent ses parents et entraineurs de clubs en font la démarche, nous les accueillons sur critère de niveau tout simplement. Nous avons aussi la chance de travailler avec deux sections sportives implantées sur les deux établissements scolaires. Ces athlètes d’un niveau inférieur mais motivés par l’athlétisme nous apportent aussi un plus en ce sens que les athlètes du pôle ne sont pas coupés du reste du monde quand ils viennent au stade. Par ailleurs, certains comme par exemple Maxime Salmeron dernièrement, en profitent pour progresser et s’investir davantage, avant de pouvoir intégrer ensuite le pôle.

Dans un rapport gagnant-gagnant en quelque sorte… Vous évoquiez aussi le double projet athlétisme/étude de ces jeunes athlètes. Qu’en est-il de votre rôle en tant que responsable du pôle ?

Mon rôle est clair. Je suis responsable du pôle espoir. Les athlètes, et donc élèves lors de leur temps scolaire, sont sous la responsabilité de leur chef d’établissement. A l’internat du Pôle les sportifs sont en revanche sous ma responsabilité. Nous nous tenons informés de leur scolarité en constatant le plus souvent qu’une bonne scolarité va de paire avec  leur bonne pratique de l’athlétisme. C’est mon souhait pour chacun d’eux. Sans ambiguïté.

En cas de souci scolaire, redoublement, mauvais résultats, avez-vous du coup des exigences particulières ?

Non bien sûr. Le partenariat entre  le pole et les établissements scolaires est bien évidemment un élément incontournable au bon fonctionnement du pôle mais chacun est responsable sur son domaine. Nous pouvons avoir à écarter du pole en revanche tout élève exclu de son lycée. Non pas par sanction supplémentaire mais parce que le partenariat scolaire est une composante du pole tout simplement. Par ailleurs j’insiste sur le fait que les filières scolaires proposées sont diverses et sans distinction de valeurs : l’entrée au pôle se fait bien sur la valeur sportive de l’athlète qui peut ainsi continuer ses études dans la filière scolaire la plus adaptée pour lui.

Voilà qui pourra intéresser nos jeunes lecteurs franciliens. Pour l’aspect sportif, vous évoquiez aussi les résultats attendus. Dans quelle mesure êtes-vous actifs sur l’aspect compétitif des athlètes ?

Nous entrainons les athlètes sur toute la semaine 5 jours sur 7 et pour ceux qui restent le week-end cela peux monter à 6 voire 7 entraînements. Nous avons donc avec eu le même rapport que tout entraineur de club avec un athlète en ce sens que les objectifs de l’athlète sont partagés et pris en considération au quotidien. Entre celui qui pourra prétendre à une sélection internationale comme Hamza Habjaoui par deux fois cet hiver, ou celui qui souhaitera se qualifier aux France pour y faire un podium sur sa discipline, les entraineurs du pôle s’adaptent donc. Pour ce qui est des championnats de France jeune, l’activité du pole ne s’arrête pas avec l’année scolaire. Nous partons tous en stage début juillet pour que les athlètes soient opérationnels lors des France sans couper avec leurs habitudes de l’année. C’est une mesure bénéfique dont nous sommes plutôt satisfaits car elle permet de faire valider à tous les athlètes leur investissement sportif de toute une année. D’autre part cela permet de créer une émulation et une forte dynamique de groupe avant les France.

On peut donc dire que la bonne santé du pôle s’évaluerait assez facilement au vu de vos résultats en championnats de France jeune ?

Oui d’une certaine manière avec un petit bémol cependant concernant la valeur d’un bilan sur ce  seul aspect : certains athlètes ont des objectifs de sélections internationales et donc des pics de forme, fonction des périodes et épreuves sélectives, parfois en amont des championnats de France. C’était le cas cet hiver pour ceux qui ont ciblé leur saison sur la possibilité d’une sélection au match international junior en salle et qui ont pu être moins performants  lors des championnats de France. Comme expliqué déjà nous ne sommes pas à comptabiliser les médailles et podiums du pôle. Leur mise en perspectives consiste uniquement à nous permettre d’évaluer  la bonne dynamique collective qu’elle suggère.

Un bon bilan collectif que je laisse donc lire à nos lecteurs en annexe. En vous remerciant pour cette ITW et la découverte de ce pôle en particulier.

 

Bilan Pôle Espoir Fontainebleau Hiver 2012-2013 

=> Les athlètes du Pôle Espoir de Fontainebleau comptabilisent sept sélections dans les équipes de France jeunes. 

Championnats d’Europe de Cross  

 Hamza Habjaoui (EFCVO) :  20e individuel – 2e par équipe avec l’ équipe de France junior 

Championnats du Monde de cross 

Johanna Geyer-Carles (Athlé Sud 77) seule athlète française junior femme sélectionnée  

Hamza Habjaoui (EFCVO) en juniors hommes 

Match junior France-Italie-Allemagne à Ancône 

Doris Deshayes (ESR Arpajon) : 60 mètres et  relais 4×200 mètres. 

Déborah Sananes (EA Bourg en Bresse) : 400 mètres   

Zohair Laroussi (CS Meaux) : longueur, meilleure performance française junior de la saison en 7,55 mètres

Cyrille Bernot (Athlé Sud 77) : 60 mètres haies.  

=> Au niveau des différents championnats de France 

  • Championnats de France des lancers longs   

Cynthia Louis (CS Montereau) : 2e du lancer de disque cadettes (39,02 mètres) 

Rizlaine Amdaa (Athlé Sud 77) : 2e du lancer de javelot espoirs femmes  (42,93 mètres). 

  • Championnats de France de cross :  

Johanna Geyer-Carles (Athle Sud 77) : championne de France juniors femmes 

EmmaOudiou (Athlé Sud 77) : 8e junior femmes 

Manon Pareau (Athlé Sud 77) :  10e junior femmes 

Camille Laplace (Athlé Sud 77) : 13e juniors femmes 

Titre par équipe Juniors femmes pour l’Athle Sud 77 

Hamza Habjaoui (EFCVO) : 4e de la course juniors hommes 

Alexis Bosio (Bussy Saint George Athlétisme) :5e de la couse cadets hommes  

Cécile Chevillard  (Ouest Athle78) : 3e espoir du cross long femmes 

Renelle Lamote (Athlé Sud 77) : 10 e du cross court femmes 

  • Championnats de France Jeunes/Espoirs en salle 

Renelle Lamote (Athle Sud 77) : 1ere du 800 espoirs femmes  (2’09’’51) 

Cynthia Louis (CS Montereau) : 1ere de la hauteur cadette (1,74 mètres) 

Déborah Sananes (EA Bourg en Bresse) : 1ere et RF du 400 mètres juniors filles (55″28).  

Finalistes  

Cyrille Bernot (Athle Sud 77) :4e sur le 60 mètres haies juniors hommes(8’’00).  

Carole Zahi (Athlé Sud 77) : 4e du  60 mètres juniors hommes (7″68).  

Zohair Laroussi (CS Meaux): 5e de la longueur  juniors hommes

Solène Chavinier (CMS Pontault Combault) : 6e du 400 mètres cadettes (61’’30) 

Alexis Bosio (BSGA) : 7e du 800 mètres cadets (chute à 50m de l’arrivée). 

Et aussi hors pole mais en sections sportives 

Benjamin Nguerret (ASP Sénart): 1er longueur  juniors hommes (7,20)

Fiona Brival (PUC): 4e du triple saut cadettes  (11m70)

Ashley Robert (Senart Combs Brie Athlétisme) : 7e du 60 mètres haies cadettes (8’’79)