Quentin Bigot : « Ça fait du bien de se sentir soutenu »

Entretien avec Quentin Bigot, sur sa suspension, son quotidien … et ses projets

 

Bonjour Quentin. Tout d’abord comment vas tu ? Geres tu bien ta suspension en cours , psychologiquement notamment ?

Ça va plutôt bien, je me suis remis petit à petit des événements de juin 2014. Je ne cache pas que ça a été très très dur. J’ai vécu des mois horribles, de juin à novembre surtout. J’ai perdu plus de 10 kilos et je m’étais amaigri radicalement dans une phase de dépression où je perdais tout.
Mais je me suis reconstruis petit à petit un nouveau « monde », et aujourd’hui ma vie à complètement changé 

 Revenons sur cette suspension rapidement. Jugée sévère par certains en raison de tes aveux, est elle juste pour toi ? 

Avec le recul, oui. Je mérite ces deux ans de suspensions. Pour moi c’est clair, j’ai pris des produits pendant deux ans. Je suis puni deux ans. Je le paye .
De plus, je dois être un exemple pour les autres athlètes en leur montrant par mon cas, que l’on paye très cher la triche. Alors oui cette suspension est juste

  Quel est ton quotidien aujourd’hui sans entrainement et vie d’athlète de haut niveau ? Celle ci te manque t’elle ?

Je m’entraîne encore. J’avais dit que je reviendrai… Et je reviendrai !
Je ne peux pas vivre sans le marteau, j’en ai besoin, et honnêtement je ne peux pas m’arrêter sur un contrôle positif à 22 ans…
Par contre, je ne ferais plus jamais QUE ça. Le marteau ne sera plus toute ma vie, mais une partie.

 

C’est à dire? Plus concrêtement aujourd’hui ?

Étant jeune, je rêvais de devenir conducteur de train.
J’ai donc voulu rebondir et me remobiliser au lieu de me laisser aller. J’ai postulé, comme Mr tout le monde et j’ai été retenu. Aujourd’hui je suis en formation depuis 3 mois et pour encore 5 autres mois à Autun . C’est une nouvelle vie, et elle me plait vraiment.
En dehors de mes heures de formations, je passe mon temps à l’entraînement, il y a donc toujours une petite part de ma vie d’athlète de haut niveau qui reste.
Après… Regarder de l’athlé à la télé, aller voir une compétition, le regard des gens… C’est dur, ça fait mal. C’est là, que je paye le plus mes conneries.

 

quentin bigot

  Que t’inspire l’affaire Bertrand Moulinet ? Peux t’on dire qu’il y a des points communs avec ton histoire ?

Je n’ai pas vraiment suivi cette affaire. Loin de moi l’idée de lui jeter la pierre. J’ai su effectivement qu’il avait avoué. Tout ce que je peux dire, c’est que maintenant, il peux se reconstruire et dormir léger. Ce sont des moments durs, que je ne souhaite à personne de vivre. Mais on se sent quand même mieux après avoir tout dit. 

 Ton président de Club s’est fendu d’une mise au point vis de propos durs de Yohann Diniz à ton endroit.Au delà de cette fausse polémique alimentée par les réseaux sociaux, est ce quelque chose que tu as su apprécier ?

Oh que oui ! Ça fait du bien de se sentir soutenu. Bertrand a tout vécu avec moi : résultats du contrôle, aveux, commission… Et il ne m’a pas laissé tombé. Il a voulu, avec le club  m’aider à passer a autre chose, à me reconstruire. Je crois que je suis mieux apprécié aujourd’hui dans le club qu’avant.. je le ressens et ça me fait du bien. Je reste disponible pour aider, et le fais avec beaucoup de plaisir. J’ai appris les joies du bénévolat, et j’adore ça.
Après sur l’épisode, Bertrand m’a vu évoluer, changer. Et aujourd’hui, il sait comment je suis devenu. Pour lui, il était normal de me défendre pour des paroles aussi dures par rapport aux actes réels… Je ne le remercierais jamais assez pour ce qu’il a fait pour moi et continue de faire, et fera je n’en doute pas, ainsi que le club tout entier. 

 A l’image du cas Teddy Tamgho , la fédération semble elle aussi s’investir un peu plus dans la protection et l’accompagnement des athlètes sanctionnés . Vrai ou faux pour toi ?

Totalement faux pour ce qui me concerne. Je n’ai eu aucune nouvelle de la fédération depuis la commission de discipline malgré un mail que je leur est envoyé lors de ma période de dépression … c’était un message de détresse, et je regrette de ne pas avoir eu de retour…

  T’intéresses tu toujours au marteau ?  A tous les niveaux , y compris le haut niveau ?

Bien sûr, le marteau est une passion. J’entraîne un peu dans mon club, je suis les résultats aussi …
Plus personnellement en ayant repris l’entrainement en novembre je lance a peu pres aujourd’hui autour de 75 mètres à l’entrainement  

 Et quel est ton regard d’athlète sur l’élite du marteau français actuellement ? Plutôt bienveillant ou un peu critique ?

Chez les femmes, c’est plus qu’encourageant ! Audrey et Alexia, et Alexandra , ou le « triple A » du marteau français, sont vraiment l’avenir, il faut miser sur elles car elles ont de belles choses à démontrer.
Chez les hommes en revanche… ce n’est pas formidable je trouve.
 
 
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