Sebastian Coe, un Miler de légende

Sebastian Coe est un de ces athlètes qui a marqué l’histoire de l’athlétisme, en améliorant pas moins de 11 records mondiaux (dont 8 en outdoor) sur les distances du 800, 1000, 1500 mètres et du mile. Il est même le seul demi-fondeur de l’histoire à avoir détenu ces quatre records simultanément ! Le britannique est également le seul athlète à avoir été double champion olympique du 1500 mètres, mais le titre du 800 mètres lui a toujours échappé. Retour sur la carrière de cet athlète hors du commun.

Sebastian Coe voit le jour le 29 septembre 1956 à Chiswick près de Londres. Il prend sa première licence d’athlétisme à l’age de douze ans et remporte dès lors de nombreux cross nationaux et des compétitions sur piste. Il est entrainé par son père, Peter, ancien coureur cycliste amateur, qui le prépare dans la plus pure tradition britannique. N’ayant que peu de connaissances athlétiques pour entraîner son fils, il lit beaucoup d’ouvrages sur le demi-fond et consulte des préparateurs physiques et des médecins. Sebastian travaille alors principalement sa technique de course et sa vitesse de pointe car Peter est persuadé que la vitesse est un point clé en demi-fond. Son père restera d’ailleurs son entraineur pendant toute sa carrière et cette complicité n’est sans doute pas étrangère à sa réussite.

Champion du Royaume-Uni sur 1500 mètres en cadet et en junior, son ascension est progressive. Troisième des championnats d’Europe junior sur 1500m (1975), il remporte en 1977 son premier titre majeur aux championnats d’Europe Indoor à San Sebastian, en Espagne. L’année suivante, aux championnats d’Europe à Prague, il termine troisième d’une finale d’anthologie. Sebastian Coe imprime un rythme époustouflant à la course en passant à la cloche en 49 »32 puis en 1’16 »2 au 600m. Coude à coude avec Steve Ovett, l’autre étoile montante du demi-fond britannique, à l’entrée de la dernière ligne droite, il termine finalement troisième alors que l’Est-Allemand Olaf Beyer l’emporte en 1’43 »84. Son panache laisse pressentir une très belle carrière…

L’été 1979 aura été une saison faste pour le jeune Sebastian. En l’espace de 42 jours, il devient le premier athlète à cumuler les records mondiaux du 800 mètres (1’42 »33 à Oslo), du 1500 mètres (3 »32 »03 à Zurich) et du mile (3’48 »95 à Oslo) ! Il efface des tablettes le cubain Alberto Juantoreina sur le 800 mètres, en pulvérisant le record de plus d’une seconde (1’43 »44). Cette course au record continue en 1980, sur 1000 mètres, lorsque le britannique devient recordman du monde en 2’13 »40 à Oslo. Sebastian Coe devient alors l’unique coureur de l’histoire à détenir simultanément les références mondiales sur 800m, 1000m, 1500m et 1 mile, et cela pendant seulement une heure… puisque son rival Steve Ovett, à Oslo lui aussi, grignote quinze centièmes sur les 3’48 »95 de Sebastian.

Jeux Olympiques de Moscou, 1980. Le duel tant attendu par tout le Royaume-Uni. Qui de Sebastian Coe ou de Steve Ovett, tous deux en forme olympique, va remporter le titre sur 800 mètres ? Les deux « frères ennemis » se sont sans cesse évités depuis les championnats d’Europe de 1978… Le duel tourne à l’avantage de Steve Ovett qui l’emporte devant Sebastian Coe. Trop loin à l’entrée de la dernière ligne droite, il avouera : « au fond, la course est simple : il y a eu un coureur meilleur que moi, c’est lui qu’il faut féliciter ». La première manche revient à Ovett, mais la revanche est pour… Coe. Six jours plus tard, Sebastian court d’une toute autre manière. Après sa défaite du 800m, il regarde plusieurs fois la vidéo de sa course et l’analyse avec son père : « je me suis rendu compte que ce n’était pas ma vitesse pure qui était en cause mais ma tactique. Je me suis dit que, si je partais à égalité avec Ovett, dans les cents derniers mètres, je pouvais terminer plus vite que lui. » Appliquant la consigne à la lettre, Coe ne lache pas Ovett d’une semelle et laisse parler sa pointe de vitesse dans une dernière ligne droite de folie (12 »1). Il se console ainsi de la plus belle des manières, même « s ‘[il] aurait préférer la médaille d’or du 800m. »

Sa meilleure année d’un point de vue chronométrique est sans nulle doute, l’année 1981. Un véritable chef d’oeuvre. Premier record du monde, celui du 800m indoor en 1’46 »0 en février à Cosford. Le second, celui du 800m outdoor est époustouflant : 1’41 »73 ! Premier homme en 1’42, il devient également le premier en 1’41, à Florence en juin. Temps de passage 49”7 à la cloche et 1’15 » au 600m, le lièvre étant le Kenyan Billy Konchellah, futur champion du monde du 800m en 1987 et 1991. Ce record tiendra plus de 16 ans, avant que le danois, d’origine kenyane, Wilson Kipketer ne le batte (1’41 »11) en 1997. Un mois plus tard, son propre record mondial du 1000m ne lui résistera pas : 2’12 »18. Sur 800 et 1000m, il va ainsi plus vite de 1 »7 que tous ces concurrents. Doté d’une pointe de vitesse hors du commun, il parcourt la dernière ligne droite de son 800m de la Coupe d’Europe en 11 »3, ce qui constitue un record, non officiel. Il améliore également deux fois le record mondial du mile pour le porter à 3’47”33.

En 1982, à peine remis d’une fracture de fatigue, Coe termine deuxième du 800 mètres des championnats d’Europe à Athènes. L’année suivante, il doit surmonter une crise de toxoplasmie qui l’oblige à plusieurs séjours à l’hôpital, malgré un hiver prometteur (record du monde indoor du 800m en 1’44 »91 et du 1000m en 2’18 »58). Il doit alors renoncer à participer aux premiers championnats du monde à Helsinki. Les médias et les spécialistes le croient fini pour le plus haut niveau.

Mais en 1984 lors des Jeux Olympiques de Los Angeles, Seb Coe fait taire les critiques en obtenant une inespérée médaille d’argent sur 800m derrière le brézilien Joachim Cruz. Sur le 1500 mètres, on attendait plutôt les trois « Steve », les deux britaniques, Ovett et Cram, et l’américain Scott, mais c’est Sebastian Coe qui signe un large succès en 3’32 »53. Le seul demi-fondeur de l’histoire à avoir remporter deux médailles d’or sur 1500 mètres, s’en va défier les journalistes britanniques : « Qui disait que j’étais finis ? ». Il n’aura malheureusement pas la chance de défendre son titre à Séoul en 1988, puisque les sélectionneurs britanniques ne lui ont pas fait confiance et cela malgré un record porté à 3’29 »77 en 1986.

Pour le plaisir, il relève également le fameux défi du “Certamen de Caius” avec Steve Cram qui consiste à parcourir les 371 m de la cour intérieure du Trinity College de Cambridge avant que les douze coups de midi retentissent (environ 46 secondes), scène rendu célèbre par le film les Chariots de feu.

Sebastian Coe, ou plutôt « Lord Coe » comme il convient de l’appeler depuis qu’il a été anobli par la reine Elizabeth en 2002, s’est ensuite engagé en politique après s’être retiré des pistes en 1990. Le britannique s’était déjà démarqué en ne suivant pas les consignes de boycott de Margaret Thatcher pour les JO de Moscou. Il a été élu député conservateur à la Chambre des Communes de 1992 à 1997 et est membre du CIO. Sebastian Coe a également beaucoup œuvré pour le succès de la candidature de Londres pour les JO de 2012 et il est le président du comité d’organisation de ces Jeux Olympiques. Un vrai modèle de reconversion ! « Pour réussir, il faut croire constamment en ce que l’on fait ; seule compte la persévérence. Si l’on n’a pas la volonté de réussir, on perd son temps, même avec le meilleur entraîneur du monde. »

Seb Coe part sur des bases incensées aux championnats d’Europe de 1978

Retrouvez une vidéo qui retrace la carrière de Seb Coe et sa rivalité avec Steve Ovett

Retrouvez une magnifique vidéo de Seb Coe avec la musique des Chariots de Feu