Montée du Phare d’Eckmuhl : pour coureurs à pieds, mais pas seulement !

6e édition de ce rendez vous du mois d’aout dans le Finistère sud, organisé par le club du CA Bigouden avec cette année encore un beau succès populaire puisque les 144 places réservées ont été pourvues sans encombre.

eckmuhl

Au rayon des nouveautés de cette  édition, un lauréat surprise en la personne de Quentin Thomas, escrimeur de 20 ans venu se frotter aux déjà habitués de cette épreuve.

Lauréat surprise donc et nouveau recordman de cette montée de phare dans un temps voisin de 52’’ soit 4 secondes de moins que le précédent record stabilisé depuis 3 éditions pourtant. 

 

Rencontre avec Quentin Thomas et Corentin Peoch organisateur de l’épreuve et figure de l’athlétisme finistérien des trente dernières années.

Bonjour Corentin, quel bilan coté organisateur pour cette 6e édition ?  

Un excellent bilan puisque tout ou presque a déjà été dit sur cette belle édition qui nous encourage encore davantage à continuer l’aventure l’année prochaine. Nous avons eu la confirmation que cette épreuve était somme toute particulière dans le monde de la course hors stade au point d’avoir un vainqueur 100 % étranger au peloton des coureurs finistériens que nous connaissons bien par ailleurs* (* le CAB est aussi l’organisateur de la classique course sur route automnale « La Torche- Pont l’abbé » devenue « La Bigoudenne » cette année). Je peux déjà annoncer que pour répondre à ce succès nous allons avancer l’heure de début de l’épreuve pour en permettre une fin moins tardive et la possibilité d’avoir 12 participants supplémentaires. 

Oui, un format d’épreuve atypique et des conditions également particulières qui nécessitent une organisation bien huilée comme j’ai pu le constater sur place. Pourquoi ces départs échelonnés de 12 coureurs seulement ? 

Monter en haut du phare est une chose. En redescendre en est une autre et nous avons du mettre en place un système permettant le meilleur enchainement et des conditions sympathiques pour tous les participants lorsqu’ils arrivent en haut de leur ascension. Aussi 12 est le bon nombre de personnes possibles en haut du phare avant de faire redescendre tout le monde pour la série suivante. En espaçant chacun des participants toutes les minutes au départ, on arrive au final à gérer une série en 20 minutes. L’occasion pour moi de remercier la mairie de Penmarc’h qui nous réserve le phare tout ce dimanche d’août en le fermant à la visite habituelle des touristes. 

Touristes qui chaussent parfois leurs baskets pour participer à l’épreuve n’est ce pas ? Quelle est la répartition des concurrents sur cette course ? 

Nous avons majoritairement des coureurs hors stade bien sûr mais également des sportifs du cru qui viennent s’essayer à la montée du phare. Des participants venant d’autres régions également puisque notre précédent recordman de l’épreuve est nantais.

Petit regret cependant de voir notre épreuve peu tenter les bons coureurs sur route finistérien même s’il est vrai que le format explosif de la montée peut faire peur. La performance de Quentin Thomas, quimpérois, est en tout cas un joli défi aux meilleurs coureurs locaux. 

Qu’en est il donc de cette surprenante victoire ? Quentin a-t-il bluffé son monde et que penser de son profil de vainqueur ? 

Comme il l’a lui-même expliqué après sa course c’est sur ses qualités d’escrimeur qu’il s’est exprimé. Apres pour l’avoir eu en contact lors de son inscription et comme pour d’autres inscrits sans références lorsque je prépare les groupes de coureurs par niveau, il s’en est allé réaliser un 400 m sur mes conseils et le petit 61’’ qu’il a réalisé montre que pour quelqu’un qui ne travaille pas du tout sa technique de course il a certainement de la qualité physique. L’enseignement plus général c’est que la montée du phare nécessite aussi pas mal de coordination et comme nous avons pu voir sur le film de l’ensemble des concurrents, qu’il avait gravi les marches 3 par 3 contre 2 par 2 pour beaucoup d’autres il semble avoir eu un avantage en puissance sur ses concurrents. Je serai curieux de voir à l’œuvre quelques triple-sauteurs de bon niveau à l’avenir. Peut être seraient ils très performants eux aussi. 

Ce qui ne manquerait pas d’intérêt d’autant que l’athlétisme et plus particulièrement les concours pâtissent un peu de leur manque de visibilité hors stade. Quelques triathlètes pourraient peut être également venir se frotter au meilleurs non ? 

Oui en fait nous sommes vraiment une épreuve ouverte à tous les profils de sportifs et c’est en tout cas intéressant d’avoir monté cette course pour laquelle au départ nous nous demandions si elle aurait déjà le succès actuel en termes de participants présents. Pour un club organisateur comme le notre, désireux de financer ainsi nos sections sportives dans leurs déplacements en compétition, c’est aussi une belle occasion de faire parler de l’athlétisme plus largement. 

C’est en tout cas un beau challenge relevé par le CA Bigouden et un exemple d’organisation atypique qui méritait bien ce petit coup de projecteur … Pour un phare c’est presque un pléonasme.

 

Quentin Thomas le vainqueur a bien voulu revenir lui aussi sur son expérience .

 

Ni athlète, ni coureur, l’escrime étant assez éloignée de l’athlétisme quelle a été ta préparation pour cette course et l’as-tu seulement préparée ?  

Oui je l’ai préparé un peu, sur la base de ce que je fais en préparation foncière pour l’escrime : courses courtes en fractionné et travail dynamique dans les gradins. Apres j’étais venu reconnaitre un peu la configuration du phare en le visitant et j’avais voulu mesurer la hauteur des marches pour m’en faire une idée. Seul hic elles ne sont pas de la même hauteur… 

Pas un handicap au final au vu de l’écart mis avec le précédent record qui n’est certes pas un record du monde du 100 mètres mais qui était détenu par un athlète consistant. Pourquoi cette différence de 4 secondes selon toi ?  

Je pensais avoir une bonne condition physique. Souvent en stage d’escrime je le constatais et l’idée de me tester sur la montée du phare a fait son chemin sans que je puisse dire que j’ai préparé cette épreuve très spécifiquement. Maintenant l’escrime nécessite de bons appuis et de la résistance physique d’autant que mon arme est le sabre , discipline la plus puissante des trois (épée, fleuret, sabre) mais peut être est ce le caractère asymétrique de l’escrime qui m’a aussi permis d’être performant  sur cette montée en rotation. 

Avec en plus ces marches inégales peu propices aux athlètes aux longues foulées rectilignes c’est peut être l’explication technique qui prévaut. Tu remettras ton titre en jeu l’année prochaine ? 

Oui sans doute. C’était sympa comme expérience et j’ai bien aimé et pourquoi ne pas essayer de faire un petit peu mieux l’année prochaine. 

Tu n’as pas envie de tester l’athlétisme et la course d’ici là ?

J’aime tous les sports. Mais actuellement c’est un peu plus compliqué depuis 3 ans car je fais des études de médecine (en 3e année ndlr) alors j’ai beaucoup de temps à consacrer à ces études et ma pratique sportive n’est plus « de compétition ». 

Pour te situer sportivement, quel a été ton meilleur niveau d’escrimeur jusqu’ici ?

Niveau « participation aux championnats de France ». Mais pas davantage avec un entrainement hebdomadaire de deux-trois séances c’est difficilement envisageable d’ambitionner plus, les meilleurs s’entrainant beaucoup plus. Mais ayant commencé l’escrime à l’âge de 6 ans ça reste mon sport numéro 1.

 

Pour plus d’infos (photos, videos) sur cette course, le site internet du ca bigouden : http://cabigouden.free.fr/index.php?page=82